Hélas, 20 ans après, une autre guerre éclate, différente mais aussi tragique.
Les hommes, à nouveau, partent. L’armée française réquisitionne des chevaux dans les fermes. C’est « la drôle de guerre », puis la défaite et l’occupation. Des hommes reviennent, d’autres sont prisonniers en Allemagne jusqu’en 1945.
Cette fois ce sont les Allemands qui réquisitionnent : sacs de blé, animaux, tissus, métaux. A Ste Anne les habitants ne souffrent pas trop du manque de produits puisqu’ils sont producteurs. Manquent le sucre, le savon, le cuir, les pneus de vélo (la bicyclette est le seul moyen de déplacement).
On cultive la betterave à sucre pour fabriquer une espèce de sucre liquide couleur caramel.
On trouve la recette pour faire une sorte de savon, rugueux, sombre. Il mousse et il lave !
Quelques plants de tabac sont plantés au milieu des champs de maïs.
Mais le spectacle le plus affligeant c’est la visite de ces personnes affamées, venant à bicyclette de Vienne ou Lyon, chaque samedi ou la semaine pour demander à acheter oeufs, légumes, volaille. Hélas !! Nous avons peu à vendre : un œuf à chacun pour contenter tout le monde, quelques légumes. On leur offre une place à notre table, et, peu chargés, ils repartent. Pratiquement pas de « marché noir » à Ste Anne. Du troc, oui, pour se procurer tissu, chaussures, pneus de bicyclette…On donne un saucisson, une poule, un lapin…
En 1940 Pétain crée les chantiers de jeunesse pour les jeunes gens de 20 ans, remplaçant le service militaire. Ces jeunes hommes sont envoyés dans le Jura, en Chartreuse (pour ceux de la région) afin d’effectuer des travaux de bûcheronnage, des travaux dans la nature. Mais cela ne dure pas, car les Allemands ont besoin de main d’oeuvre en Allemagne et c’est le STO qui les oblige à partir. Certains, pour échapper à ce service sautent du train et se cachent dans les bois de Chatonnay.
Bien que sa situation, à l’écart des villes, épargnât à la commune une pression trop forte de l’occupant, Ste Anne suivait avec anxiété les évènements dans Bourgoin, Lyon, Chatonnay. Le Maquis était surveillé par les Allemands, présents partout : fusillades, arrestations, exportations…
Au printemps 1944, on sentit les occupants plus nerveux, plus anxieux de la prochaine sortie du conflit qui paraissait proche. Conscients de la défaite qui se profilait, ils venaient se ravitailler dans les fermes, armés jusqu’aux dents « œufs !! oeufs !! ». Là nous avions peur !
1945 : LA LIBERATION ! Toutes les cloches des alentours sonnent à la volée.
C’est la joie générale : ENFIN LIBRES.