Le jour de la fête patronale en juillet c’était le « tir à l’oie ». Les concurrents, sur un cheval mené au trot, devaient décrocher une oie suspendue à une corde au travers de la route.
Pas facile, et cela nécessitait souvent plusieurs passages. Cela se faisait au village après la sortie de la messe pour avoir tout le village en spectateurs.
Les lignères et le tir à l’oie ne se firent plus à partir de la guerre de 39-40.
La grande distraction des jours d’hiver, c’était la veillée. Nous allions chez l’un ou chez l’autre pour passer la soirée. Le soir tombé, la soupe avalée, bien emmitouflés, nous partions, lampe tempête à la main, effectuant parfois de longues marches par des chemins caillouteux, et nous nous rendions chez un voisin, un cousin, une connaissance du pays. La famille se joignait à une autre famille dans la seule pièce chauffée. C’était alors à qui raconterait les dernières nouvelles, ou des histoires du passé qui nous faisaient parfois frémir.
On ne se quittait pas sans avoir mangé « sur le pouce » un morceau de saucisson. La rentrée dans la nuit noire était pleine des histoires racontées et les haies nous paraissaient bien mystérieuses.
Au printemps c’était les lignères ( ignis : feu) au moment de mardi gras .
Après avoir élagué les haies, on conservait les broussailles pour les brûler un soir en assemblée du village. On décidait de tel soir en un lieu choisi. Le « diable » allumait le feu et était chargé de son entretien tout au long de la soirée.
Jeunes gens et jeunes filles devaient sauter par-dessus les flammes 3 par 3, deux gars tenant par les mains, entre eux, une jeune fille.
Quand le feu faiblissait, faute de combustible, alors on organisait la ronde en chantant « Embrassez qui vous voulez…. »
Les fêtes villageoises
Pour le jour de l’an, les conscrits de 19 et 20 ans se retrouvaient ensemble. Les garçons passaient dans les maisons et portaient aux jeunes filles de 19 ans un balai enrubanné de bleu, blanc et rouge. Aux jeunes filles qui allaient avoir 20 ans dans l’année nouvelle , ils portaient la cocarde blanche.
Ces visites occupaient la journée entière du 1er janvier et se terminaient fort tard, parfois avec fatigue et un peu trop de vin. Les conscrits annonçaient leur arrivée avec le clairon pressenti pour le conseil de révision qui se profilait dans les mois à venir.
Au printemps suivant, ces jeunes gens se retrouvaient pour le banquet traditionnel.
La SAINT COCHON était une fête de ripailles
Le « caillon » tué, les boudins, les saucisses, les saucissons faits, le lard bien mis dans la saumure du saloir, on pensait à faire profiter les amis de cette abondance.
C’était un repas gargantuesque : boudin et fricassée, pâté de campagne, parfois saucisson ou pieds de porc, et surtout la belle rouelle bien dorée, bien grasse. On introduisait tout de même un plat de légumes de saison, sans oublier le dessert et le digestif.
Après il ne restait qu’à… digérer !!!
Les noix cassées, il fallait les trier pour séparer coquilles et cerneaux. C’était aussi un travail collectif, le soir, à la tombée de la nuit, autour de la longue table recouverte par ces noix cassées.
Deux heures de travail à peu près, et il ne restait qu’à conserver jalousement les cerneaux pour le moulin à huile, mettre de coté les coquilles qui serviraient à allumer le poêle.
Après cela, la collation : saucisson , jambon, gâteaux…
Il y avait bien sûr les fêtes religieuses : Noël, Pâques, baptêmes ... mais il y avait aussi d’autres moments pour se distraire et avoir le plaisir de vivre ensemble.
Les fêtes du travail
Pour les vendanges, on convoquait les voisins, les amis en un lieu donné, un jour donné et c’était une journée de cueillette dans la joie, les bavardages.
Le soir on se retrouvait à la ferme autour de la gratinée, du saucisson, d’un dessert « maison », et on se donnait rendez-vous pour un autre journée de vendanges chez untel. La soirée se terminait par des chansons.
- Archives Départementales de Grenoble : Cartulaire de Bonnevaux - Ulysse Chevalier (traduction)
- «Abbaye de Bonnevaux» abbé Chuzel
- Cahier de Jean Badin (Meyrieu)
- Association « Mémoire de Bonnevaux » (No 2 : « La vente des biens nationaux »)
- Paul Burlet : « traces d’histoire » (http://tracesdhistoire.fr)
- Mairie de Ste Anne sur Gervonde
… et souvenirs personnels
© Sre Anne sur Gervonde, hier et aujourd'hui- Suzanne Armanet